De l'Atlantique au Pacifique Par les Glaces de L'Arctique by Roald Amundsen

De l'Atlantique au Pacifique Par les Glaces de L'Arctique by Roald Amundsen

Auteur:Roald Amundsen [Roald Amundsen]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biography & Autobiography, Adventurers & Explorers, Travel, Special Interest, Adventure, Political Science, General
ISBN: 9782081482746
Éditeur: Arthaud
Publié: 2019-04-01T22:00:00+00:00


V.

Départ de Port-Gjøa

Le printemps – L’esperanto polaire – Renseignements indigènes sur l’expédition Franklin – Mise en circulation d’effets de commerce – Arrivée d’un courrier – Distribution des récompenses aux indigènes – Retour de l’expédition à la Terre Victoria – Lents progrès de la débâcle – Appareillage.

De jour en jour, l’uniformité de la couche de neige se pare d’arabesques tracées par les pistes d’animaux. Un matin, nous découvrons des empreintes du passage de lagopèdes, un autre des traces de lemmings. Sur cette nappe blanche apparaissent, comme sur une carte, les progrès du printemps. Encore quelques semaines et l’heure du départ sera arrivée. Dès maintenant, nous nous préparons en vue de cette éventualité. Le pont du navire est débarrassé de la neige et de la glace qui le couvrent, puis les panneaux sont ouverts pour aérer les cales.

… Maintenant nous n’éprouvons plus aucune difficulté à nous entretenir avec les Esquimaux, non pas que nous ayons appris leur langue. Sous ce rapport, après deux ans passés au milieu d’eux, nous ne sommes pas plus avancés que le premier jour. La preuve, c’est que lorsque nous nous trouvons en présence d’indigènes étrangers à la petite communauté qui vit autour de Port-Gjøa, nous ne les comprenons pas. Pour communiquer avec nos amis, nous avons imaginé une espèce d’esperanto, moitié norvégien, moitié esquimau, au moyen duquel nous nous entendons tous parfaitement. Seul notre cuisinier se montra rebelle à cette innovation philologique ; dans ses relations avec les indigènes, jamais Lindström n’employa que le patois de la Norvège septentrionale. Les Esquimaux ne l’en comprenaient pas moins, peut-être même mieux que nous avec notre langue de traite.

Tandis que nous travaillons aux préparatifs de départ, arrivent sans cesse des troupes d’indigènes, attirées par le désir de contempler le navire et les immenses trésors qu’il renferme. Pour satisfaire leur curiosité, des familles n’hésitent pas à entreprendre un voyage de plusieurs centaines de kilomètres. Les opérations commerciales avec ces visiteurs sont médiocres. La plupart n’ont pas grand-chose à nous offrir ; quelques peaux de phoques, voilà tout ; en échange, à leur grande joie, nous leur donnons de la vieille ferraille et des morceaux de bois.

Dans ces transactions, Oumiktouallou se montre très avisé. Ayant remarqué ma préférence pour les vêtements en peau de phoque bien cousus, il en achète à ses camarades et me les revend ensuite, naturellement avec un fort joli bénéfice. C’est d’ailleurs un malin. Pendant l’hiver, je lui avais fait cadeau de balles et de poudre pour son fusil à baguette. Son frère, Uglen, lui ayant prêté son Remington, il me pria un jour de lui céder des cartouches pour cette arme en échange des munitions que je lui avais précédemment données. C’était un excellent chasseur ; de plus, il m’avait promis de me vendre les cuissots des rennes qu’il abattrait, aussi acceptai-je sa proposition. Donc, un beau jour il arriva à bord ; de l’air le plus innocent du monde, il me remit seulement les balles, comptant garder la poudre par-devers lui. Je m’abstins de lui faire aucune observation et allai chercher les cartouches de Remington.



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